Je m'endors sur moi-même et parfois je m'évite !
Les gens vont bien trop loin ou marchent bien trop vite
Et je n'ai jamais su suivre le pas des autres,
Être, par-ci, par-là, l'ange ou bien son apôtre !
La douce pluie toujours, au printemps, s'égosille
Et de mes mots, la vie en regard, la fusille,
Elle ne veut du faux, du semblant, du « je sais ! »
Ma vie, sur les chemins, n'est qu'un infime essai !
Elle porte – en mes lieux – bien des regards éteints,
Des nuits de petit jour, des veilles sans matin
Et vous me regardez de l'autre bout du monde
Où mon geste n'est rien qu'une blessure immonde !
Je ne pourrai plus croire aux amours, ni aux jeux
Entre l'Être qui donne et l'Être qui le veut !
Aux broussailles des « rien » comme des « trop souvent »
Je ne sais, à cette ombre, un parfum sous le vent !
Je ne suis pas d'ici, je ne suis pas d'ailleurs
Et quel que soit le temps je terre mes frayeurs
Dans les gouffres sans fond aux étoiles sereines,
Quand, à mon cœur, l'amour est mélangé de haine !
Lorsque encor je m'évite et m'endors sur moi-même
Parmi ces vers idiots qui se veulent « poème »
Parmi les nostalgies d'avoir écrit longtemps
Pour des regards trop loin, en de trop courts instants !